Emparons-nous de

Son amour

Par Henry Carter (traduit de l’anglais)

 

Fébrilement, je travaillais à mon sermon de Noël… Ce sermon de Noël est la hantise des prédicateurs parce que, chaque année, il leur faut trouver à dire quelque chose de nouveau. Je m’étais donc attelé à cette tâche, ardue s’il en est, lorsque la maman responsable des enfants de l’étage apparut sur le seuil de mon bureau. Quelque chose s’était encore passé là-haut. La veille de Noël est un moment particulièrement difficile pour les enfants caractériels que nous recevons dans notre maison d’accueil. Les trois quarts d’entre eux retournent chez eux pour y passer au moins une nuit, mais la vue des lits vides et le changement dans la routine ne sont pas sans affecter ceux qui restent.

 

Je la suivis donc à l’étage supérieur, tout en bouillonnant intérieurement à cause de ces interruptions continuelles... Cette fois-ci, c’était Tommy. Il s’était embusqué sous un lit et refusait de sortir de sa cachette. La femme désigna du doigt l’une des six couchettes qui meublaient le dortoir. On ne remarquait rien, pas même une mèche de cheveux, ni le bout d’un doigt de pied… Alors, je m’adressai aux cowboys et aux chevaux de rodéo qui composaient le motif du couvre lit. Je parlai du sapin de Noël richement illuminé à l’entrée de la chapelle, qui se trouvait juste à côté, puis des paquets qui avaient été déposés au pied de l’arbre et de toutes les bonnes choses qui attendaient Tommy si seulement il voulait bien sortir de son repère. Pas de réponse.

 

Encore irrité par les précieuses minutes que me valait ce contretemps, je me mis à quatre pattes et soulevai le couvre lit. Deux énormes yeux bleus me regardaient. Tommy avait huit ans, mais il en paraissait cinq. J’aurais pu, sans peine, le tirer de sa tanière. Mais ce n’est pas de cela qu’il avait besoin. Il avait besoin de se sentir en confiance et de se savoir maître de ses décisions. Donc, toujours à quatre pattes, je me lançai dans la description du menu que nous aurions au réveillon qui suivrait la messe de minuit. Je lui mentionnai son soulier de Noël rempli de tout ce qu’avaient offert les braves dames de la paroisse. Silence. Toujours aucune réaction de sa part et pas le moindre petit signe d’intérêt pour Noël.

 

Enfin, en désespoir de cause, je m’allongeai à plat ventre et me faufilai à côté de lui. Les ressorts du sommier firent un accroc à mon costume, mais qu’importe. Je restai là sans bouger pendant quelques minutes qui me parurent une éternité, la joue contre le plancher. D’abord, je lui parlai de la couronne de Noël qui trônait sur l’autel et des bougies qu’on allumerait devant les fenêtres. Je lui rappelai la chanson qu’il chanterait avec les autres enfants. Finalement, à court de conversation, je me contentai d’attendre, allongé tout près de lui.

 

J’attendais… j’attendais… lorsqu’une petite main toute froide vint se glisser dans la mienne.

― Tu sais, Tommy, fis-je au bout d’un moment, on est un peu à l’étroit. Que dirais-tu si toi et moi, on sortait d’ici pour se mettre debout ?

Ce que nous fîmes, mais tout doucement, comme au ralenti.

Toutes mes pressions s’étaient envolées. Parce que, voyez-vous, mon sermon de Noël…, je le tenais à pré-sent. Un peu plus du mystère de Noël venait de m’être révélé, alors que j’étais là à plat ventre sur le sol.

 

Dieu ne nous a-t-Il pas appelés du haut du Ciel, tout comme moi j’avais appelé Tommy ? Avec Ses étoiles et Ses montagnes, toutes Ses créatures majestueuses, ne nous a-t-Il pas suppliés de L’aimer, de goûter aux joies de l’Univers qu’Il nous offre ? Et comme nous refusions d’écouter, Il s’est rapproché. À travers les prophètes, Il s’adressa à nous face à face. Mais il fallut attendre ce premier Noël, il fallut attendre que Dieu s’abaissât à descendre sur terre et à habiter parmi nous, à nous rejoindre dans notre solitude et notre isolement, pour que, comme Tommy, nous osions tendre les mains pour nous emparer de Son amour.

 

 

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